Participation financiere des travailleurs
dans l’union europeenne
Introduction
1.
L’UNICE a pris
note du document de travail de la Commission sur la participation financière
des travailleurs dans l’Union européenne, et, par le biais du présent document,
soumet sa contribution à la discussion.
2.
La Commission souhaite
relancer le débat sur la participation financière des travailleurs afin de
préparer une communication ainsi qu’un plan d’action à la fin 2001. Elle invite
les parties intéressées
Ø
à identifier les
principaux obstacles à un soutien accru au niveau de l’Union européenne à
des régimes d’intéressement aux bénéfices et d’actionnariat des salariés;
Ø
à commenter le
besoin et le contenu d’une éventuelle initiative communautaire et, plus particulièrement,
lui communiquer leurs points de vue sur la nécessité d’établir des principes
généraux au niveau communautaire, basés sur les rapports PEPPER et sur la
recommandation du Conseil 92/443/CEE, et à exprimer leurs avis sur la nécessité
d’autres mesures spécifiques.
commentaires d’ordre général
3.
Au cours des dernières
années, les régimes d’actionnariat des salariés et d’intéressement aux bénéfices
se sont développés et ces instruments pourraient devenir un volet important
des politiques de rémunération des sociétés. Cependant, de grandes différences peuvent être
observées dans le recours à ces régimes, plus développés dans certains pays
ou secteurs de l'UE que dans d'autres.
4.
Les sociétés sont
conscientes du fait que les régimes de participation financière peuvent être
d'importants outils pour motiver les travailleurs, en leur permettant de prendre
part à la réussite de leur société, pour impliquer les travailleurs plus étroitement
dans la vie de l’entreprise, aligner les intérêts des travailleurs sur ceux
des actionnaires de la société et, ainsi, lier les salariés à leur société
à plus long terme. Les modèles de
participation des travailleurs sous forme de plans d’achat d’actions ou d’épargne
en actions présentent également l’avantage de mettre la propriété d’actions
à la portée de plus larges sections de la main-d’œuvre et de soutenir la constitution
de richesses.
5.
Le monde des affaires
reconnaît amplement les bénéfices offerts par les régimes de participation
financière et accueille favorablement une utilisation plus généralisée des
régimes d’actionnariat et d’intéressement
aux bénéfices, pour les avantages tant économiques que sociaux qu’ils présentent.
6.
Néanmoins, des
obstacles importants à une utilisation plus généralisée subsistent. Ceux-ci
sont essentiellement de nature juridique et fiscale. Tous les États membres
de l’Union européenne n’offrent pas un environnement juridique et fiscal qui
encourage suffisamment les sociétés à introduire de tels régimes.
7.
En outre, l'UNICE
s’inquiète des problèmes survenant dans un contexte transfrontalier/transnational.
Les différences dans les dispositions légales et les systèmes fiscaux ainsi
que les divergences en matière de cotisations de sécurité sociale empêchent généralement les sociétés opérant dans plusieurs États membres
de l’Union européenne de pouvoir appliquer un système de participation financière
unique à leurs salariés dans les différents États membres. Cette situation
engendre des coûts administratifs élevés.
8.
En outre, le traitement
fiscal divergent et complexe des modèles de participation financière dans
un contexte transfrontalier s’est érigé en un obstacle à la libre circulation
des travailleurs et est une source de distorsions au sein du marché unique
pour les employeurs. En ce qui concerne, par exemple, les options de souscription
d’actions, les principaux problèmes pour les travailleurs résultent des différences
quant au moment de l'imposition et d’un risque de double imposition. Pour
les employeurs, les distorsions peuvent résulter d’une absence de déductibilité
ou d’une double déductibilité des coûts pertinents aux fins de l’impôt sur
les sociétés.
9.
En ce qui concerne
les “barrières culturelles” identifiées par la Commission, l’UNICE est convaincue
que celles-ci sont moins prépondérantes et disparaîtront progressivement à
la faveur d’une large reconnaissance, au sein du monde des entreprises, de
l’utilité des régimes de participation financière et de la nécessité pour
une société d’être un “employeur compétitif”. Parallèlement, dans ce contexte,
il convient de ne pas négliger l’importance d’établir de bonnes conditions
cadres juridiques et fiscales. Ces conditions cadres détermineront en dernier
ressort comment et dans quelle mesure les régimes de participation financière
sont utilisés de manière plus généralisée.
commentaires spécifiques
Principes de base soutenus par l’UNICE
10. L’UNICE est attachée à une utilisation plus généralisée
des régimes de participation financière au niveau de l’Union européenne, mais
rappelle que de tels régimes doivent être de nature volontaire tant pour les
employeurs que pour les travailleurs. Elle rappelle également que l’introduction
de régimes de participation financière est une décision qui relève de la société/de l’employeur concerné, à la
lumière du droit et des pratiques existant au niveau national.
De très nombreuses PME ont mis en place des
régimes de participation financière, pleinement conscientes du potentiel et
de l’utilité de tels régimes. Bien qu’une utilisation plus généralisée des
régimes de participation financière au niveau des PME soit la bienvenue, il
convient néanmoins de tenir compte du fait que nombre de PME ne sont pas en
mesure de générer les ressources nécessaires au financement des régimes de
participation des travailleurs au capital ou d’intéressement aux bénéfices,
en plus des coûts salariaux déjà élevés.
Comme il en a été fait état plus haut, les employeurs
souhaitent, par le biais des régimes de participation financière, motiver
les travailleurs, créer un lien étroit entre les travailleurs et la société
et attirer et conserver un personnel qualifié. L’encouragement d’un accès
généralisé aux régimes de participation financière peut être favorisé, mais
aucune restriction ne peut être tolérée en ce qui concerne la liberté des
employeurs de décider des critères d’éligibilité pour de tels régimes, conformément
à la législation et aux pratiques nationales et selon la situation financière
de l’entreprise.
Les entreprises utilisent, en effet, des régimes
de participation financière à base large ou étroite selon leur situation propre.
Parfois, les deux formes coexistent au sein d'une même entreprise. Les employeurs choisiront les régimes
qu'ils jugeront les mieux adaptés à la poursuite de leurs objectifs en matière
de ressources humaines et, à cet égard, la distinction entre groupes de salariés
sur la base de critères légitimes (comme la qualification et la responsabilité)
peut s'avérer nécessaire et exiger des réponses différentes.
15. Le rôle des partenaires sociaux et la question de
savoir si la participation financière sera examinée dans les négociations
collectives dépendront des pratiques nationales. Lorsque cela correspond aux
pratiques nationales, les régimes de participation financière permettent de
conférer une plus grande flexibilité aux systèmes de rémunération faisant
l’objet de conventions collectives, avec des niveaux de salaires fixes complétés
par des composants de revenus reflétant la réussite et la performance de la
société. Cette flexibilité, qui est avantageuse tant pour les travailleurs
que pour les sociétés, devrait être encouragée.
L’UNICE reconnaît que les employeurs doivent
fournir une information claire sur la nature et le fonctionnement des régimes
de participation financière et sur les formules de calcul aux travailleurs
qui auraient le droit d’en bénéficier.
Nécessité
d’une action au niveau des États membres et au niveau communautaire
17. L’UNICE invite les États membres à mettre en place
un environnement fiscal et juridique favorable qui encourage les régimes de
participation au capital et d’intéressement aux bénéfices et évite d’imposer
des charges financières et administratives aux sociétés qui souhaitent introduire
de tels régimes.
18. En matière de régimes fiscaux, la responsabilité
principale incombe aux États membres. Toutefois,
l’UNICE accueillerait favorablement un processus visant un certain degré de
coordination des dispositions fiscales s'appliquant aux régimes de participation
financière dans un contexte transfrontalier/transnational, qui pourrait contribuer
à réduire les obstacles et distorsions actuels.
19. Plus spécifiquement, en ce qui concerne le traitement
des options de souscription d’actions dans un contexte transfrontalier, l’UNICE
serait en faveur d'un traitement identique des travailleurs mobiles et des
travailleurs résidents. Ceci pourrait être obtenu par une imposition exclusive par l'État
membre dans lequel le salarié paie des impôts au moment où les options de
souscription d'actions sont allouées, qu'elles soient conditionnelles ou non,
et indépendamment du lieu et du moment où ces options sont exercées. Bien
que d’autres approches, telles que l'imposition au moment de l’exercice existent,
une méthode commune pour éviter une double imposition et l'imposition proportionnelle
pourrait être envisagée. L’approche suggérée par l’UNICE offrirait une solution
solide et simple
en matière d'imposition des options de souscription d'actions dans des situations
transfrontalières.
20. Dans sa future communication, la Commission pourrait
présenter le cadre fiscal et juridique actuel dans les différents États membres
de l’Union européenne, démarrer un exercice d’étalonnage des performances
et, par le biais d’un rapport de suivi de son plan d’action, suivre les avancées
réalisées dans ce domaine. Dans le cadre d’un exercice d’étalonnage des performances,
il pourrait être intéressant de comparer les performances et les pratiques/systèmes
au niveau de l’Union européenne avec ceux des États-Unis, où la culture de
participation financière est plus développée.
21. Dans sa future communication, la Commission devrait
en outre identifier et analyser les obstacles fiscaux rencontrés dans un contexte
transfrontalier/transnational et, avec les États membres, étudier les moyens
de réduire ces obstacles.
Conclusion
22. L’UNICE reconnaît amplement les bénéfices des régimes
de participation financière et accueille favorablement une utilisation plus
généralisée des régimes d’actionnariat et d’intéressement aux bénéfices, pour
les avantages tant économiques que sociaux qu’ils présentent.
23. Elle rappelle par la même occasion que de tels régimes
doivent être de nature volontaire, tant pour les employeurs que pour les travailleurs.
24. L’UNICE note que d’importants obstacles à une utilisation
plus généralisée des régimes de participation financière subsistent. Ceux-ci
sont essentiellement de nature juridique et fiscale.
25. Pour cette raison, l’UNICE appelle les États membres
à mettre en place un cadre fiscal et juridique favorable, qui encouragera
le développement progressif d’une culture de participation financière au sein
de l’UE.
26. L’UNICE invite la Commission à examiner, dans sa
future communication, le cadre fiscal et juridique actuel des différents États
membres de l'UE et à lancer un exercice d'étalonnage. Elle accueillerait également favorablement l'identification et l'analyse
des obstacles fiscaux rencontrés dans un contexte transfrontalier/ transnational
et le lancement d'une réflexion au niveau de l'UE sur les moyens possibles
de réduire ces obstacles.
__________
Des arguments plus détaillés et un aperçu du traitement
fiscal actuel des options de souscription d’actions dans les différents
États membres de l’UE pourront être trouvés dans le document de travail
de l’UNICE, “Options de souscription d'actions dans l'Union européenne:
obstacles fiscaux à la mobilité transfrontalière des salariés dans le marché
unique", qui sera publié prochainement.