1. Le changement de paradigme de l'actionnariat
salarié européen est de plus en plus apparent.
Pour la dynamique, les grandes entreprises
cèdent la place aux PME. Les salariés n'y
partagent pas "une petite part du gateau",
ils font l'acquisition de la plus grande part,
- et même du gateau entier dans la plupart
des cas. Le contexte et l'objectif sont moins
le partage du résultat que celui de répondre
au besoin de transmission des entreprises.
La Grande Bretagne s'impose comme numéro un
en Europe, tandis que le continent et singulièrement
la France s'effacent.
2. Le paradoxe s'accentue pour l'actionnariat
salarié dans les grandes entreprises européennes.
Tout indique que les entreprises en veulent.
Tout indique que les salariés en veulent eux
aussi. Les entreprises multiplient les plans
d'actionnariat salarié. Pourtant dans l'ensemble
le nombre d'actionnaires salariés diminue,
la part détenue par les salariés piétine,
la démocratisation de l'actionnariat salarié
s'écrase. Ainsi on doit constater que les
plans sont de moins en moins efficaces. Les
plans et les politiques qui les sous-tendent
sont de moins en moins démocratiques.
3. Pourquoi l'actionnariat salarié accuse
le coup dans les grandes entreprises européennes?
La cause principale est politique. Il
s'agit de l'incapacité des législateurs européens
à produire des législations en phase avec
le développement des grandes entreprises.
Aujourd'hui, seuls 35% des salariés des grandes
entreprises européennes sont encore localisés
dans leur pays de base (Graphe 79 page
144). Ils ne sont donc plus qu'une petite
minorité à pouvoir bénéficier des incitant
fiscaux à l'actionnariat salarié organisés
par les législations nationales. Ainsi les
politiques d'actionnariat salarié, parce qu'elles
sont restées nationales, ont perdu 30% de
leur efficacité en quelques années.
Pour l'actionnariat salarié comme pour beaucoup
d'autres choses, l'Europe est malade de ses
divisions politiques et de son esprit de clocher.
Les législateurs se fondent sur des référentiels
et des mécanismes d'un autre siècle.
|
|
C'est ce qui explique pourquoi les efforts
législatifs récents dans plusieurs pays n'ont
eu aucun impact significatif sur l'actionnariat
salarié dans les grandes entreprises. La Loi
Pacte en France est l'exemple achevé de cette
impuissance.
4. La dynamique de l'actionnariat salarié
dans les PME est désormais bien enclenchée
en Europe, au départ de la Grande Bretagne.
Dans ce pays, la transmission aux salariés
est désormais la voie la plus courante pour
les PME, après la transmission familiale.
On se dirige rapidement vers une proportion
où une PME sur dix sera détenue par ses salariés.
Avec 600 transmissions de PME aux salariés
en 2024, la Grande Bretagne a créé en un an
50.000 nouveaux actionnaires salariés, autant
que l'ensemble des coopératives de salariés
en France (les SCOP) en un siècle d'existence.
Pour l'actionnariat salarié dans le monde
il s'agit d'une véritable révolution.
En effet depuis près de deux cents ans, de
multiples formules et modèles ont été essayés
un peu partout pour développer l'actionnariat
salarié dans les PME. Aujourd'hui pour la
première fois dans le monde on est parvenu
à mettre en place un modèle qui surclasse
tous les autres. Depuis 1974, le modèle le
plus réputé dans le monde était celui du plan
ESOP aux Etats-Unis. Désormais la formule
du Employee Ownership Trust introduite
depuis 2014 en Grande Bretagne apparaît de
loin la plus efficace.
Les raisons de cette efficacité sont bien
identifiées: une législation bien calibrée
fondée sur les mécanismes du trust. C'est
ce qui en assure les trois qualités de simplicité,
de facilité et d'adaptabilité, comme aucune
autre formule ne peut le faire.
En conséquence de quoi la Grande Bretagne
est le seul pays européen (avec la Norvège)
où le nombre d'actionnaires salariés est en
augmentation sur les douze dernières années.
|