Comité
économique et social européen
SOC/115 |
"Participation
financière
des salariés"
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Bruxelles, le 26
février 2003
A V I S du Comité économique et social européen |
sur
la |
"Communication de la Commission au Conseil, au Parlement
européen, au Comité économique et social et au Comité des régions.
Cadre pour la promotion de la participation financière des
salariés" |
(COM(2002) 364 final)
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Le 5 juillet 2002, la Commission,
conformément à l'article 262 du traité instituant la Communauté
européenne, a décidé de consulter le Comité économique et social européen
sur la
"Communication de
la Commission au Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et
social et au Comité des régions: Cadre pour la promotion de la
participation financière des salariés"
(COM(2002) 364 final).
La section spécialisée "Emploi, affaires
sociales, citoyenneté", chargée de préparer les travaux du Comité en la
matière, a élaboré son avis le 5 février 2003 (rapporteur:
M.SEPI).
Lors de sa 397ème session plénière des 26 et
27 février 2003 (séance du 26 février 2003), le Comité
économique et social européen a adopté le présent avis par 98 voix pour, 5
voix contre et 6 abstentions.
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- Introduction
- La question de la
participation financière des salariés aux bénéfices et aux résultats
de l'entreprise a fait l'objet de nombreuses initiatives au niveau
communautaire visant à soutenir et à encourager l'action des
gouvernements nationaux et des partenaires sociaux en faveur de la
création d'un cadre favorable à la diffusion de cette forme de
participation. Parmi celles-ci figurent notamment les travaux de la
Fondation pour l'amélioration des conditions de vie et de travail, qui
constituent une contribution très importante dans la mesure où ils ont
permis d'approfondir les connaissances dans ce domaine. Par ailleurs,
le Parlement européen est pour sa part sur le point d'approuver un
rapport qui a donné lieu à des contacts constructifs avec le
CESE.
- Par la
communication à l'examen, la Commission entend reprendre et renforcer
l'initiative communautaire en la matière à la lumière de la stratégie
définie lors du Sommet de Lisbonne de mars 2001, qui a fixé pour
objectif d'augmenter la compétitivité et le dynamisme de l'économie
européenne en misant sur le développement de la connaissance et de la
cohésion sociale.
- Le CESE
accueille très favorablement la communication à l'examen, convaincu
que la participation financière peut jouer un rôle important dans la
stratégie européenne et qu'il est opportun de reprendre et
d'approfondir l'analyse des conditions d'applicabilité de la
participation financière sous ses différentes formes, en envisageant
de manière appropriée les opportunités mais aussi les risques et les
difficultés qu'elle comporte.
- Contenu de la
communication
- La communication
de la Commission propose de définir un cadre d'action communautaire
afin de favoriser la diffusion de la participation financière en
ouvrant l'accès aux régimes proposés au plus grand nombre possible de
travailleurs, tant au sein des entreprises qu'au sein du système de
production en général grâce à l'engagement actif des partenaires
sociaux.
- La
définition de ce cadre général s'articule autour des trois axes
suivants:
- l’identification
de principes généraux relatifs à la participation financière afin de
fournir une orientation commune pour les politiques des États
membres et les initiatives des partenaires sociaux;
- l’identification des principaux obstacles
transnationaux qui entravent actuellement l'adoption d'initiatives
en matière de participation financière à l'échelle européenne voire
multinationale ainsi que l'élaboration de mesures permettant de les
surmonter;
- l'identification d'instruments visant à favoriser
une plus grande diffusion de la participation financière tout en
encourageant l'échange d'informations et d'expériences ainsi que la
réalisation de travaux de recherche et d'études sur ce thème.
- En ce qui
concerne les principes généraux de la participation financière, la
Commission a identifié, sur la base des expériences réalisés dans les
principaux pays et des analyses et réflexions menées jusqu'à ce jour,
une série d'éléments clés mentionnés ci-dessous et pour lesquels il
existe un consensus général.
- Caractère
volontaire de l'adoption de régimes de participation financière tant
par les entreprises que par les salariés.
- Accès
aux régimes de participation financière ouvert à tous les salariés,
en évitant toute discrimination et en prévoyant une modulation
partielle des conditions en fonction des différents besoins et
intérêts des catégories de travailleurs.
- Clarté
et transparence des régimes de participation, tant au niveau de la
définition de ces régimes – qui devrait prévoir une consultation
appropriée des travailleurs – que durant la phase de gestion, grâce
à des formules prédéfinies de participation financière aux résultats
de l'entreprise.
- Régularité dans l'application des régimes de
participation, qui devraient constituer non pas une opération
épisodique mais une caractéristique constante des rapports
entre l'entreprise et les salariés.
- Limitation des risques pour les salariés, compte
tenu du fait que ceux-ci y sont plus exposés que les autres
investisseurs.
- Distinction entre les salaires et
traitements d'une part et les revenus provenant de la participation
financière d'autre part, ceux-ci devant être complémentaires et non
substitutifs.
- Compatibilité des régimes de participation
financière avec la mobilité des travailleurs afin d'éviter que ces
régimes n'empêchent ni ne découragent la mobilité et la
flexibilité.
- En ce qui
concerne le problème que posent les obstacles transnationaux à la
diffusion de la participation financière à l'échelle européenne, la
Commission juge impraticable l'harmonisation des règles en matière de
participation financière visant à limiter les effets négatifs de la
diversité des systèmes fiscaux, des dispositions en matière de
sécurité sociale et des systèmes juridiques. La voie à suivre consiste
à aider les entreprises à adopter des régimes de participation à
l'échelle européenne, en incitant les États membres à instaurer des
formes de coordination et d'accord sur les principes généraux et à
généraliser la reconnaissance mutuelle des différents régimes de
participation. La Commission estime en outre utile d'examiner la
possibilité de prévoir un ou plusieurs systèmes européens de
participation financière adaptables aux divers contextes nationaux.
- Dans ce
contexte, la Commission considère pour commencer l'échange accru
d'expériences comme un moyen de surmonter les obstacles culturels
essentiellement.
- En ce
qui concerne les autres types d'obstacles, la Commission estime en
revanche que des mesures spécifiques sont nécessaires. À cet égard,
elle souligne avant tout la nécessité de résoudre le problème de la
double imposition, soit grâce à une interprétation de conventions en
vigueur dans le cadre de l'OCDE, soit grâce à une renégociation de
ces conventions permettant de les adapter aux exigences spécifiques
des pays de l'Union si cette première solution s'avérait
insuffisante.
- D'une
façon plus générale, la Commission a instauré un groupe de travail
chargé de formuler des propositions concrètes pour surmonter chacun
des obstacles transnationaux aux régimes de participation
financière.
- En ce qui
concerne l'objectif visant à étendre le champ d'application de la
participation financière, la Commission juge utile de contribuer à la
création d'un environnement favorable à travers une série
d'initiatives visant à:
- favoriser
l'échange d'informations grâce à l'évaluation comparative des
politiques et des pratiques nationales;
- renforcer le dialogue social sur la participation
financière, en encourageant et en favorisant les initiatives des
partenaires sociaux;
- étudier
la possibilité d'expérimenter de nouvelles formes de participation
financière notamment dans les PME, dans le secteur public et dans le
secteur non marchand;
- améliorer l'information en encourageant les
travaux de recherche et les études visant plus particulièrement la
collecte systématique de données sur l'utilisation et la diffusion
des régimes de participation financière ainsi que la réalisation
d'analyses microéconomiques approfondies sur la participation
financière dans le cadre des politiques stratégiques et financières
des entreprises et des relations de travail;
- favoriser la constitution de réseaux de dimension
européenne permettant de conférer un caractère permanent à l'échange
d'informations et à la réalisation d'analyses approfondies et
d'études.
- La
Commission prévoit notamment de soutenir ces initiatives
financièrement grâce au recours aux instruments de financement
communautaire.
- Observations
générales
- La participation
financière des salariés aux résultats et aux bénéfices de l'entreprise
est conforme à l'évolution récente de l'économie européenne, au sein
de laquelle elle peut jouer un rôle positif dans la création de valeur
en apportant des améliorations sur le plan de l'efficacité, de la
flexibilité, de la participation des travailleurs aux objectifs de
l'entreprise et d'une gestion ouverte au dialogue social en vue du
développement et du renforcement de la cohésion.
- Plusieurs
facteurs liés aux mutations affectant les processus d'allocation des
capitaux et l'organisation des facteurs de production sont en effet
à l'origine de l'importance grandissante du capital humain, en
favorisant l'implication croissante des travailleurs dans le
fonctionnement de l'entreprise. Cette participation accrue va de
pair avec une augmentation de la participation des salariés aux
résultats économiques de l'entreprise.
- Dans la
plupart des principaux États membres de l'Union européenne, cette
participation se traduit généralement à l'échelle individuelle par
l'octroi de primes sous forme de parts variables du salaire et par
l'ouverture d'options de souscription d'actions (stock-options) et de
plans d'actionnariat destinés aux salariés ou à certaines catégories
de salariés (essentiellement ceux occupant les postes les plus
qualifiés).
- En
revanche, mise à part l'expérience des sociétés anonymes de
travailleurs, les formes de participation financière accessibles à
tous les salariés ou à de très larges catégories de salariés ne sont
pas très répandues et sont implantées de manière très inégale selon
les États membres.
- Les formes de
participation financière collective peuvent s'avérer plus
avantageuses pour les entreprises européennes, dans la mesure où
elles contribuent à ce que les relations de travail soient moins
conflictuelles et puissent favoriser la réalisation de l'objectif
fixé lors du Sommet de Lisbonne en mars 2000, à savoir faire de
l'économie européenne "l’économie de la connaissance la plus
compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance
économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et
qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion
sociale"1.
- La
participation financière peut en effet constituer un moyen efficace
de valoriser les investissements dans le domaine de la connaissance
et des compétences professionnelles tant de la part des entreprises
que des salariés et d'apporter une valeur ajoutée en termes de
capital humain. Le lien positif entre l'adoption de formes de
participation financière et les investissements en faveur de la
formation professionnelle a été mis en évidence2. Les investissements en capital
humain, qui exigent l'appui des entreprises mais également des
travailleurs, sont encouragés par des relations de plus longue durée
et par un partage accru des objectifs d'entreprise que comportent
les régimes de participation financière.
-
Par ailleurs, la participation financière favorise une
transparence accrue des entreprises. En effet, la réalisation de
plans d'actionnariat exige d'une part que les entreprises soient
plus "ouvertes" en termes d'informations, afin de pouvoir identifier
et surveiller les indicateurs de rendement auxquels la participation
financière est liée; elle incite d'autre part les entreprises à
améliorer quantitativement et qualitativement la communication avec
les salariés en ce qui concerne la stratégie adoptée et ses
résultats afin de garantir la participation efficace des salariés à
la vie de l'entreprise qui est le but de la participation
financière.
- Il en
découle une transparence accrue des entreprises tentées par
l'expérience de la participation financière et surtout une
augmentation de leur "propension" à la transparence qui, en
particulier pour les entreprises qui ne sont pas encore cotées en
bourse, peut avoir un effet positif sur les rapports avec le marché
des produits et surtout des capitaux.
- Étant
donné l'importance que la participation financière peut revêtir pour
la valorisation du capital humain et le renforcement de la
transparence et de la capacité de communication des entreprises, il
convient d'en favoriser l'extension à l'ensemble des économies
européennes, en développant des formes spécifiques de participation
financière, y compris pour les petites et moyennes entreprises, le
secteur public et le secteur non marchand, qui représentent des
composantes importantes de l'économie européenne.
- Principes
généraux
- L'identification
de principes communs en matière de participation financière constitue
la base de la définition de la stratégie de l'Union européenne dans ce
domaine. Les principes généraux constituent les caractéristiques
fondamentales de la participation financière dans les pays de l'Union
européenne et en garantissent la cohérence avec les objectifs de
renforcement de la compétitivité des entreprises européennes,
d'amélioration de la qualité du travail et de renforcement de la
cohésion sociale sur lesquels se fonde la politique de l'Union
européenne définie lors du Sommet de Lisbonne.
- Ces principes ne
doivent pas déboucher sur un modèle unique et rigide de
participation financière mais au contraire fournir la base pour
élaborer un processus commun pour les initiatives des États membres
et des partenaires sociaux grâce à des formes de participation
flexibles et capables de s'adapter aux spécificités nationales et
aux différentes réalités économiques dans lesquelles elles
s'inscrivent.
- Les
principes généraux définis par la Commission apportent une
contribution utile dans ce sens. Le CESE souligne en particulier
combien il importe que les régimes de participation financière
garantissent le principe de volontariat tant pour les entreprises que
pour les travailleurs, le principe de non-discrimination des
travailleurs, le principe de clarté et de transparence de ces régimes,
avec une consultation aussi large que possible des travailleurs, ainsi
que le principe de la régularité. Il ne faut pas que ces régimes se
substituent aux rémunérations normales. Ce afin d'éviter que les
régimes de participation financière ne comportent des risques
excessifs.
- Le
principe selon lequel la participation financière ne devrait pas
entraver la mobilité des travailleurs s'avère tout aussi important et
mérite d'être abordé de façon plus approfondie. En effet, il existe un
compromis entre ce principe et l'objectif visant à favoriser la
fidélité des travailleurs envers l'entreprise que les régimes de
participation financière supposent d'un point de vue structurel. Ce
compromis revêt une importance particulière à la lumière de la
diffusion croissante dans les pays de l'Union européenne de formes
d'emploi flexibles.
- Le CESE estime
que les régimes de participation financière doivent dûment prendre
en compte les problèmes spécifiques des travailleurs en situation de
mobilité accrue de par leurs relations de travail.
- Toujours
en ce qui concerne les principes généraux des régimes de participation
financière, les conventions collectives ont un rôle essentiel à jouer
dans la diffusion de ces régimes. Le développement de la participation
financière peut en effet jouer un rôle important au sein des
entreprises européennes.
- Par
ailleurs, il est à signaler que les principes définis par la
Commission ne font pas de distinction entre les différentes formes de
participation financière. En réalité, les deux principales formes de
participation financière – participation aux résultats et actionnariat
– peuvent présenter des caractéristiques profondément différentes non
seulement au niveau de leur mise en œuvre concrète mais également en
ce qui concerne les objectifs poursuivis et les conditions de mise en
œuvre.
- L'actionnariat
constitue la forme de participation la plus complète dans la mesure
où, grâce à la participation au capital qu'elle suppose, elle crée
un lien plus fort et plus durable entre l'entreprise et les
salariés, ces derniers étant structurellement associés à la
vie de l'entreprise. Cet engagement accru s'accompagne
également d'une exposition plus importante des travailleurs aux
risques en raison des éventuelles fluctuations de la valeur future
des actions.
- Par
ailleurs, la participation aux résultats sous ses différentes formes
se prête davantage à des situations autres que celle des grandes
entreprises à but lucratif car elle offre davantage de flexibilité
et peut mieux s'adapter aux différentes réalités institutionnelles
dans lesquelles la participation financière peut être mise en
œuvre.
- À la
lumière de ces distinctions, le Comité économique et social européen
souligne l'opportunité, s'agissant des formes de participation
financière au capital des entreprises, de prendre notamment en
considération la contribution que les régimes de participation
financière peuvent apporter à la "corporate governance" des
entreprises.
- Les salariés
actionnaires peuvent en effet contribuer à l'amélioration de la
"corporate governance" des entreprises dans la mesure où ils
représentent une catégorie d'investisseurs soucieux des performances
à long terme de l'entreprise, contrairement aux investisseurs ,
davantage préoccupés par le court terme.
- En
participant activement à la vie de l'ent reprise à travers les
instruments mis à leur disposition dans le cadre du droit des
sociétés (essentiellement l'assemblée des actionnaires, mais
également les autres formes de participation active accessibles aux
actionnaires), les salariés actionnaires peuvent contribuer dans une
large mesure à la mission de contrôle de la gestion de l'entreprise,
qui devient de plus en plus cruciale face à la nécessité de garantir
la cohérence maximale entre la gestion de l'entreprise et les
intérêts de l'ensemble des actionnaires.
- Par
conséquent, il semble opportun de suggérer d'inclure parmi les
principes généraux la valorisation de la contribution des salariés
actionnaires à la "corporate governance" des entreprises
instituant des régimes de participation financière, en favorisant la
participation active des salariés à la vie de l'entreprise, selon
les formes et les modalités compatibles avec le modèle de
l'entreprise et à l'aide des instruments de participation adéquats.
Il apparaît opportun dans ce contexte d'encourager également les
formes de participation collective à travers des formes
d'association librement définies, sous forme de coopérative, de
fondation ou d'association.
- D'une
façon plus générale, la participation accrue des travailleurs au
capital des entreprises, à travers le développement de régimes de
participation financière, exige un engagement en faveur d'une
qualité toujours accrue des systèmes de "corporate
governance" des entreprises au niveau européen, de façon à
améliorer le niveau de protection de l'ensemble des actionnaires
minoritaires et à renforcer les instruments de démocratie au sein
des entreprises. La participation des salariés favorise utilement la
constitution d'actifs à leur profit. À cet égard, il faudrait
renforcer l'initiative de l'Union européenne dans le domaine de la
"corporate governance" dans le but spécifique d'identifier
les instruments permettant un meilleur équilibre au niveau des
systèmes d'incitation et de contrôle qui régissent les rapports
entre propriété et contrôle dans les entreprises européennes.
- Obstacles
transnationaux
- La diversité des
régimes fiscaux et des cotisations de sécurité sociale ainsi que les
différences juridiques et culturelles, essentiellement dans les
systèmes de relations sociales, peuvent constituer un obstacle de
taille pour les entreprises désireuses d'élaborer et de mettre en
œuvre des régimes de participation financière impliquant des
travailleurs issus de différents pays de l'Union européenne.
- La communication
de la Commission pointe du doigt ces obstacles et ébauche une série
de lignes d'action afin de les surmonter.
- Le CESE
reconnaît également qu'une initiative de la Commission en faveur de
l'harmonisation des règles existantes concernant les régimes de
participation financière n'est pas réalisable dans la mesure où elle
pourrait entraver la nécessaire flexibilité et l'articulation des
politiques nationales et où des bases juridiques suffisantes
pourraient faire défaut.
- Le Comité
économique et social européen souligne l'importance de
privilégier essentiellement la recherche d'une coordination plus
étroite des procédures actuelles grâce à la définition d'orientations
et d'accords sur les principes généraux entre les parties intéressées
et grâce à la définition de mesures visant à en faciliter la
reconnaissance mutuelle.
- Par ailleurs, il
souligne que le moyen le plus efficace pour surmonter les obstacles
transnationaux réside dans la définition de principes généraux pour
les régimes de participation, capables de s'adapter aux différentes
réalités nationales, et qui en facilitent la transposition à
l'échelle européenne.
- À cet
égard, il importe de définir pour l'offre d'actions et d'options aux
salariés un traitement commun en prévoyant leur exemption des
obligations de publication du prospectus, ce qui permettrait de
dépasser les divergences actuelles en la matière.
- Rappelons à ce propos l'avis exprimé par le
Comité économique et social européen sur la "Proposition de
directive du Parlement européen et du Conseil concernant le
prospectus à publier en cas d'offre au public de valeurs mobilières
ou en vue de l'admission de valeurs mobilières à la
négociation"3, qui précisait que cette proposition
réduit de manière inopportune le champ d'application des exemptions
en excluant notamment les offres de droits ainsi que les offres
d'options d'achat d'actions réservées aux travailleurs.
- Il y a
lieu de veiller lors de la définition des principes généraux régissant
les systèmes de participation financière à ne pas empiéter
indirectement sur les compétences des États membres.
- Vers une plus
grande diffusion de la participation financière
- Les possibilités
de diffuser les expériences de participation financière dépendent dans
une très large mesure de l'existence d'un environnement favorable,
tant sur le plan juridique et fiscal que sur le plan culturel et des
relations sociales.
- Le Comité
économique et social européen estime que pour l'instant, le cadre
proposé par la Commission pour les initiatives en la matière est
conforme à l'objectif de favoriser la diffusion de la participation
financière. Parmi les thèmes à approfondir devrait figurer notamment
la problématique de la participation financière dans les
entreprises non cotées sur les marchés réglementaires. Ces
entreprises sont en effet confrontées à des problèmes
spécifiques concernant la qualité, l'extension et la rapidité de
l'information financière. En outre, en cas d'actionnariat dans les
sociétés non cotées, il y a lieu d'approfondir l'analyse des
conditions et des instruments de la détermination de la valeur des
actions et de leur transférabilité, en l'absence d'un marché
définissant en permanence le prix des actions et offrant un canal de
vente.
- La participation
financière dans les entreprises non cotées est fondamentale si l'on
souhaite qu'elle devienne une caractéristique structurelle des
économies européennes, étant donné que dans la majorité des pays
européens, les entreprises cotées sur les marchés réglementaires
représentent une part très limitée des activités économiques qui s'y
déroulent. En particulier, il est nécessaire de prendre en
considération les spécificités de trois secteurs: les PME, le
secteur non marchand et le secteur public.
- Étant
donné les difficultés notables que constitue pour les PME – qui
représentent une composante importante du secteur européen de la
production – l'introduction de formes de participation financière,
il est nécessaire d'approfondir les travaux relatifs à ce secteur.
La Fondation de Dublin prépare une étude dans ce sens, dont les
résultats devront être publiés dans le cadre d'un effort plus
général de diffusion des connaissances tant en ce qui concerne les
obstacles que les formes de participation les plus adaptées aux PME,
l'expérience des PME coopératives ou des petites sociétés anonymes
de travailleurs pouvant servir de référence à cet égard.
- En ce
qui concerne les PME, le principal problème réside dans la nécessité
de garantir une transparence suffisante des résultats, des
perspectives de rendement et des perspectives financières.
Dans ce contexte, l'élaboration de mesures spécifiques en matière de
participation financière doit s'accompagner de l'ouverture des
entreprises concernées en termes d'information, ouverture à laquelle
lesdites mesures peuvent également contribuer.
- En
outre, la participation financière dans les PME peut permettre de
trouver des financements externes afin de s'agrandir plus
rapidement, surtout dans les entreprises caractérisées par le haut
niveau de compétence des salariés et opérant dans les secteurs
fortement innovants. La définition de plans de participation
financière dans ce type d'entreprises, essentiellement grâce à
l'ouverture du capital aux salariés, peut en effet constituer pour
les institutions financières un "signal" important en termes de
potentiel de croissance de l'entreprise. Ce signal peut contribuer à
surmonter la méfiance structurelle des investisseurs extérieurs
envers les jeunes entreprises et/ou les petites entreprises. En
effet, les salariés, en tant qu'acteurs "internes" à l'entreprise,
peuvent disposer de meilleures informations sur le potentiel de
croissance de ladite entreprise, tandis que ce potentiel est
renforcé par la valeur ajoutée que constitue la participation des
salariés aux résultats de l'entreprise.
- Pour les
PME, il faudrait également envisager la possibilité d'étudier des
formes de participation financière à des groupes d'entreprises,
surtout lorsque celles-ci opèrent au sein de districts
industriels.
- Enfin, la
participation financière peut contribuer à garantir la survie des
entreprises en difficulté grâce à l'introduction de plans
d'actionnariat destinés aux salariés. Il convient dans ce contexte
d'étudier avec attention et de promouvoir les bonnes pratiques en
usage dans les pays de l'Union européenne en matière de fonds
sectoriels et interentreprises.
- En ce
qui concerne la participation financière dans les entreprises du
secteur non marchand et du secteur public, il convient de souligner
avant tout que la nature juridique de ces entreprises ne permet
généralement pas la participation financière sous la forme de
participation au capital. C'est donc essentiellement sur la forme de
participation aux résultats qu'il y a lieu de se concentrer. Il est
également nécessaire de prendre en considération les spécificités de
ces entreprises,dont les résultats se traduisent essentiellement par
la quantité et la qualité des services offerts. Diverses expériences
intéressantes et qui méritent d'être approfondies ont été menées à
cet égard, notamment au sein de l'administration publique irlandaise
qui a constitué un fonds avec le capital destiné à la
contractualisation décentralisée. Les quotes-parts en sont réparties
entre les travailleurs du secteur public en fonction de la
réalisation d'objectifs donnés, définis par secteurs d'activité
homogènes, en matière d'offre de services.
- S'agissant des organismes pour lesquels
l'indépendance des agents de l'État est essentielle (forces de
l'ordre, fisc, justice, etc.), il conviendrait toutefois de procéder
avec beaucoup de circonspection en ce qui concerne l'introduction de
composantes du salaire liées aux prestations ainsi que
l'introduction d'une éventuelle participation aux bénéfices. Il
convient en tout état de cause de garantir l'indépendance de ces
secteurs par une rémunération (fixe) adéquate.
- Conclusions
- La communication
de la Commission contribue dans une large mesure à relancer
l'initiative communautaire relative à la participation financière et à
stimuler les États membres et les partenaires sociaux afin qu'ils
prennent des initiatives concrètes visant à en favoriser la diffusion.
Dans ce contexte, il apparaît essentiel de définir une série de
principes généraux sur la base desquels seront définies les lignes
directrices de la stratégie communautaire, tout en respectant la
nécessaire flexibilité en termes d'application.
- Le CESE
souligne que le principe de la participation financière est cohérent
avec les objectifs de cohésion sociale et de développement économique
que l'Union européenne s'est fixés. Il juge en conséquence utile
que les efforts visant à promouvoir cet instrument soient intensifiés
afin d'approfondir les connaissances dans ce domaine mais également
d'identifier les obstacles actuels. Par ailleurs, ces efforts ne
devraient pas se limiter aux grandes entreprises multinationales.
Ainsi, il faudrait également tenir compte des besoins spécifiques des
autres secteurs, notamment des PME, du secteur non-marchand et du
secteur public, qui constituent une composante importante de
l'économie européenne.
- Le CESE
estime que le présent avis contribuera à identifier clairement les
caractéristiques structurelles des différentes formes de participation
financière, quel que soit le contexte dans lequel elles peuvent se
développer.
- Le CESE
souligne combien il importe que la participation financière soit prise
en considération par l'actuel système de "corporate governance"
des entreprises européennes et que l'on tienne compte de
l'éventuelle contribution qu'elle peut apporter en termes de
croissance et d'amélioration de la transparence de ces entreprises. A
cet égard, les partenaires sociaux peuvent jouer un rôle important
dans la définition de formes de participation financière favorisant un
partage accru des objectifs d'entreprise et renforçant les
investissements en capital humain, essentiels pour le développement de
l'économie européenne.
Bruxelles, le 26 février
2003.
Le
Président
du Comité
économique et social européen
Roger
BRIESCH |
Le Secrétaire
général
du Comité
économique et social européen
Patrick
VENTURINI |
________________
1
Voir point 1.5 des conclusions de la Présidence du Conseil
européen de Lisbonne (23-24 mars 2000).
2 Voir
en particulier le rapport de la Fondation de Dublin intitulé
"L'actionnariat des salariés dans l'UE et la participation aux bénéfices",
2001.
3 Voir
avis du CESE, JOCE C n° 80 du 03.04.2002 (Rapporteur: M.
LEVITT).
- -
- -
SOC/115 - CESE
284/2003 I-AC/SL/CH/jg/ab
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B-1000 Bruxelles. Tél. +32 (0)2 546 90 11 Fax +32 (0)2 513 48 93 Internet
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FR
…/…
CESE 284/2003
I-AC/SL/CH/jg/ab
|